A vide



     C'est pas facile, on rêve tous les jours de liberté, on souffre tous les jours de multiples contraintes.
Au Rustikhistan les locaux comme ailleurs cherchent une issue. Peut être que nombre d'entre eux ont trouvé une ébauche de solution.
Cherchant depuis longtemps et soupçonnant une issue possible dans le dépouillement, j'ai cumulé les expérience motocyclistes en m'approchant de plus en plus des motos populaires et de leur descendantes.

Malheureusement, si on ne peut faire que le constat de l'embourgeoisement de certaines marques ou de la fétichisation d'autres modèles, le choix  se raréfie vite.
Alors j'ai fait un détour par les bécanes vendues dans les pays en voie de développement. Pas assez rapides pour nos routes trop bien entretenues, donc retour à la case départ.

Et puis ça devient évident quand on a envie de continuer à aller au boulot sans trop se morfondre en bagnole, il suffit de lorgner sur ce qui te tends les bras et qui se ringardise sur les petites annonces.
Le mieux c'est que suite à cette réflexion et l'acquisition d'un MT75 du Rustikhistan, j'ai un copain qui a parlé de moto de radin en ayant fait un choix similaire (un quart de litre de l'extrème est) .

Et là ça a fait tilt. En fait loin des esthètes ou des intégristes de la culture motocycliste, ce que j'aime c'est la rencontre entre l'homme et la machine, l'homme et la nature, l'homme et lui même entre les hommes. Mon outil préféré pour ça c'est la bécane parce que ça ne sert à rien maintenant qu'on a des voitures à pas cher, que c'est débile de devoir supporter les intempéries avec aussi peu de protection.
Et au delà du faire valoir ou du fétichisme, j'aime bien les bécanes de radin, c'est aussi intéressant que l'alcoolisme ou la clochardisation.

Alors face à l'avidité du monde qui nous entoure, face à cet appétit qui dévore tout sur son passage, je préfère rouler à vide plutôt qu'avide.

Réfléchir à deux fois plutôt qu'encombrer mon sac d'un accessoire supplémentaire, peser l'intérêt de la course à la cylindrée surnuméraire. Partir retrouver des amis sur les routes du Rustikhistan, là où le bon moment passé comptera plus que ma mise. Apprécier d'être différents et de continuer à ne pas être d'accord ensemble.

Débéquiller au milieu de nulle part, planter sa tente et s'assoir au bord du feu est essentiel.
Le godet à la main, une tranche de saucisson sur des doigts aux ongles en deuil et pouvoir ergoter tranquillement, se fâcher quand même parce que bon... On est Rustikhs alors on va tout de même pas tomber tout de suite d'accord!

La belle saison va bientôt arriver, déjà les bécanes se raréfient sur les routes, le temps invite à se calfeutrer dans les clapiers. Comme chaque année je suis en retard, des choses détonnent sur mon tricycle mais qu'importe.

Qu'importe parce qu'avec quelques arrangements provisoires, un bidon d'essence et un sac de couchage mal ficelé sur le porte bagage on ira à la rencontre les uns des autres. Avec pas grand chose d'autre que les histoires de l'année écoulée et le plaisir de se retrouver.

Quelque chose du Radin Motorcycle club.





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