Coupes Moto Légende 2011 (publié précédemment sur le site de l'Amicale Dniepr-Oural de France)



     La maison dort encore, il est beaucoup trop tôt mais je tourne et retourne dans le lit, donc, feignant la résignation je m'efforce de sortir du lit discrètement pour aboutir à ce qu'une voix ensommeillée me dise que je suis un grand malade....


     Excité comme un gosse au matin de Noël, j'expédie la douche puis sirote mon thé en vérifiant une dernière fois  sous l'éclairage blafard du garage les niveaux de la bécane et le bon harnachement de la bagagerie.

En pissant dans le jardin le nez dans les étoiles je me dis que ça va être une sacré bonne journée (j'aime bien pisser dehors, c'est un des dernier espace de liberté qu'on a).

     Au départ je m'étais plutôt fait tirer l'oreille par un collègue en japoniaiserie qui tenait absolument à me faire sortir de ma tanière pour me montrer ce que c'était qu'une compète moto, mes souvenirs des courses d'endurances au Mans ne m'ayant pas vraiment transcendé.

J'avais accepté, posé les congés qui vont bien, et puis le lascar s'était fait porter pâle. Riant un peu jaune (normal, me direz-vous avec un mec en japo), m'étant engagé, je me suis dit que ça allait être l'occasion de s'aérer les neurones et puis de retrouver des gens avec qui j'étais sorti des sentiers rebattus quotidiennement.

     Comme c'est jour de fête, le brodequin bien graissé pour l'occasion caresse le kick en préliminaire jusqu'à compression, un coup puis contact et ma belle slave aux hanches larges et aux seins qui tombent pétune de plaisir dans la douceur angevine de ce petit matin tranquille.


     On remonte la Loire tranquille, aiguille du compteur au mitan avant de mettre cap au nord-est vers le pays des Burgondes et de tous les fantasmes viticoles. A la lecture des cartes routières mal repliées donc souffrant au dépliage, des cafés de bourgades aux noms pittoresques parce que dissonant de mon pays, j'enquille les kilomètres au fil de la journée, approchant de mon camp de base près de Beaune. 

     Pour l'occasion je bénéficie de l'hospitalité inénarrable d'un Ouraliste, mélomane à ses heures, refaiseur de monde devant l'éternel, qui se reconnaîtra et que je remercie encore, sans oublier son épouse.

J'ouvre un apparté ici pour évoquer un truc qui ressemble à de la science-fiction de prime abord mais qui s'avère être un luxe aujourd'hui: 

- Non pas qu'il n'y ait pas de cons dans le groupe humain que nous sommes (je m'efforcerai, soyez en sûr, d'être le con de quelqu'un même au sein de l'Amicale, si, si j'insiste, c'est la moindre des choses), mais globalement je trouve les gens plutôt bienveillants dans le milieu. L'Amicale fonctionne dans le sens où quel que soit le trou où tu vas, tu trouveras toujours dans le coin un type pour te filer un coup de main si besoin.

Fin de l'apparté

     Le lendemain de mon arrivée après un dîner pantagruélique (ben ouais, Rabelais est de par chez moi) et une bonne nuit de repos, nous pourfendons les vicinales vers Dijon et l'événement motocycliste tant relaté comme essentiel à la culture motarde  (ceci sans oublier ou minimiser le BOC, hors de question que je me fâche avec des Bougnats ).

Lors du parcage nous tombons comme par enchantement sur Loulou et Jean-Phi, croisés à Carentoir un jour de temps estival breton l'an dernier, qui nous remettent des sésames (pour passer hein, pas les graines) à tarifs réduits, autre agréable surprise Amicaliste.
Après ça, tout est un peu flou, un peu comme si je m'étais gamellé dans la caverne d'Ali Baba.

J'ai vu des motos, que je croyais qu'elles existaient juste en photo, je les ai vu tourner.



     Mes tympans ont vibré au son des deux temps Jawa de course, j'ai cru mourir d'apnée en retenant mon souffle lors des courses de bassets (le NSU mono était bluffant, l'Indian four à hurler sous la lune), je me suis retenu pour ne pas me prosterner devant un ks 800 Zundapp et une Gillet Herstall, on s'est baladés dans un marché de dingues où il n'y avait que des trucs dédiés à la moto, j'ai rien pris sinon il m'aurait fallu une remorque pour tout ramener.
Cet endroit est un truc de malade, avec des apparitions surprenantes comme Loulou sur une CZ roulant au pas et scrutant l'horizon lointain, Croquelaroute musardant sans rien voir ni entendre devant des Terrots, et puis au détour d'une allée, le stand de l'Amicale. 


     Là, il faut commencer un nouveau paragraphe, tu peux pas faire autrement, même quand il est 10h du matin et que tu crois que t'as tout vu.

D'abord parce quil y avait un laté d'exposé, que ça sentait le coin de cocagne. Et puis l'air de rien t'es accueilli gentiment au vin d'Alsace par un Prez bonhomme au chapeau d'anthologie, tu croises Jean-phi qui te cause du bulletin et du Chemin des Dames, tu vois Lénine tailler une bavette avec d'autres (j'ai pas voulu déranger, j'aime bien prendre mon temps).
On a passé un bon moment, on a pas trainé non plus vu qu'on voulait s'en mettre encore plein les mirettes, un pur moment je vous dis.


     Le soir on s'est carapaté pépère au son velouté du flat-twin dans les vignes, traversant des bleds aux noms suffisamment évocateurs pour provoquer une hypersalivation et une soif dantesque, j'étais comme sonné de ma journée, abruti et aspirant à la décantation.

Le lendemain, départ sous un soleil radieux pour 500 bornes de bonheur avec un bonus:

     Lors d'un arrêt essence-pipi-café en plein désert agricole, un break néerlandais vient à ma hauteur et son chauffeur octogénaire m'accoste avec moult signes.

Nous découvrant un language commun, en l'occurence le teuton petit nègre deuxième langue hérité du siècle dernier qu'il me reste. Il parvient à m'expliquer qu'il connait bien les Ural pour avoir bénéficié de l'hospitalité contrainte soviétique à Ekaterinburg jusqu'à la fin des années cinquante.

A cette époque, il venait de faire beaucoup de randonnée au guidons de r12 et de ks600 bavaroises dans le cadre d'un programme de pensée unique qui avait fait fureur depuis le milieu des années trente.
Sa femme souriante et l'oeil pétillant est restée en retrait mais ce vieil homme à l'accent rocailleux a enchanté mon après-midi en détaillant ma moto et en m'interrogeant sur les  innovations qu'il découvrait par rapport aux M 72 qu'il avait connues.

     Je suis rentré, les batteries chargées jusqu'à la prochaine escapade, ne sachant pas trop comment mettre des mots dessus.


Des fois ça prend du temps, mais prenez-le pour aller aux coupes

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