La Vilaine Maison

   
     Le portail écaillé soutenu par les ronces qui habillent ses planches branlantes reste toujours ouvert sur une allée de falun ravinée par les orages d'été qui laissent apparaître les gravillons gris bleutés de la carrière d'à côté. On la voit tout de suite en arrivant, le chemin n'est pas bien long, et puis elle surplombe le terrain, bordée par une pinède laissée à l'abandon et un verger mal entretenu.
C'est juste un pavillon des années soixante-dix, avec son perron en fer forgé, le tout juché sur un sous-sol aux parements de pierres de granit.
Les pelouses qui l'entourent sont parsemées  de mauvaises herbes, les haies poussent anarchiquement, mais le tout est à l'écart de la bourgade et de sa promiscuité.
Sur l'arrière, à l'abri des regards, on peut simuler la sieste au fond d'un hamac à l'ombre des cyprès en détaillant la mousse qui orne le toit d'ardoise. Le mobilier de jardin et la terrasse au dallage fatigué ne voient pas grand monde, pas de barbecues bruyants, ou d'apéros qui s'éternisent autour de discussions politico-météorologiques hasardeuses.

Le perron au ciment moussu donne sur un intérieur en cours de finitions, aux radiateurs sur cales de bois, aux dispositifs électriques de différentes générations en fonction des pannes, aux enduits portants les traces des aménagements successifs. Pas d'inconfort somme toute, tout fonctionne, mais un ensemble à donner du prurit à un plumitif de magazine de décoration.

Le Poële à bois l'hiver invite à y rester au chaud et le séjour orienté plein sud invite aux beaux jour à lézarder sur le parquet en compagnie d'un thé glacé. Pas de photos aux murs mais le reliquats de bibelots offerts successivement à Noël.

Il m'a fallut des années pour retourner auprès de mon arbre, des années à courir après des pâturages plus vert à brouter ailleurs, des promesses de lendemains qui chantent en d'agréables compagnies.
Le constat que j'en fait c'est que pour voyager il faut partir de quelque part ou alors on nomadise. Alors peut être que je m'y sent bien, dans ma vilaine maison, même si au fil des ans, à force d'expérience, les souvenirs et autres bibelots pour touristes alourdissent mes bagages. C'est sans doute pour ça aussi qu'il est temps que je cherche le chemin qui me mènera au Rustikhistan, terre de légende et de bien des rêves de liberté.





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