La Destination

Voyage t' on encore au XXIè siècle, la question peut paraître saugrenue mais au vu des récits de  nos anciens, je me la pose.
Ce qui est toujours valable pour un migrant oriental ou africain sans moyens et souvent dépourvu même du nécessaire ne s'applique pas à nous autres européens où la perspective de l'absence de climatisation dans un véhicule est rédhibitoire.
Ce qui me fait dire que de nos jours, tout au plus, on se ballade.


     Le pays dont je vais vous parler est ignoré de bon nombre de nos concitoyens, n'est pas signataire de grand chose, et n'aspire qu'à demeurer dans l'oubli. Il a à peu près la taille de la Belgique, est bordé au nord par les monts Rustikh dont il tire son nom, à l'ouest par l'Ethylic bay, à l'est et au sud par la Syldavie. Les montagnes du nord marquent la frontière avec la Bordurie, le fleuve Ethyl au sud fait la frontière avec la Syldavie.

La capitale, Maboul, est située à l'embouchure de l'Ethyl avec la mer sur la rive nord du fleuve.
La vallée autour de l'Ethyl est riche en terres agricoles propice au maraîchage avec sur les contreforts du Rustikh un terroir fort d'une longue tradition viticole depuis l'antiquité gréco-romaine.
On ne trouve de vastes forêts qu'à l'est vers la Syldavie, l'espace montagneux au nord ayant énormément eu à souffrir du déboisement lié à l'industrialisation de la vallée depuis le XIXè siècle.
L'agriculture intensive aujourd'hui en déclin et l'industrie mécanique liés aux investisseurs bordures voisins ont fait fuir la population indigène aujourd'hui minoritaire vers les montagnes pour accueillir une main d'oeuvre orientale et africaine à moindre coût.

Les bordures, riches en mines de fer et contraints par une législation drastique, ont longtemps considéré le Rustikhistan comme leur terrain de jeu avec la bénédiction de la monarchie parlementaire de l'époque, et ce jusqu'à la dernière guerre civile qui a vu l'instauration d'une république avec un régime de type parlementaire.
La corruption étant de mise à tous les nivaux de l'administration, le réseau routier n'est pas des plus fameux, pas plus que les infrastructures sanitaires ou éducatives. Mais qu'importe, le pays bénéficie d'un attrait  certain, et si les rustikhs d'origines s'étaient convertis du bout des lèvres au christianisme et sont bien vite retourné au paganisme de leurs ancêtres, les églises converties en mosquées résonnent maintenant avec beaucoup de charme de l'appel des muezzins du haut des clochers vides de cloches.
La ville de Maboul riche de son cosmopolitisme bourdonne sans cesse au rythme de ses nombreux marchés et de ses ruelles commerçantes perpétuellement encombrées de toute sortes de marchands ambulants rivalisant d'ardeur avec les étals des riverains.

Le vol à la tire est le sport national des jeunes citadins qu'une police bonhomme et surtout débordée n'a jamais su endiguer faute de volonté politique. Le port de la ville bien que modeste apporte tous les parfums d'Orient et d'Asie dans ses marchandises et exporte les rares produits manufacturés encore concurrentiels qui sortent des usines robotisés de la vallée de l'Ethyl.

Mais si l'ont veut entendre battre le coeur du Rustikhistan, il faut quitter la vallée, aller au nord.

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