Terres sacrées

     Il en est du sacré comme du reste, y consentir prend parfois du temps. Fêter l'alternance des saisons, prendre la mesure de la beauté de la nature, liturgie païenne qui en vaut sans doute d'autres.

Dans ce contexte, on croise parfois des endroits que l'on voudrait sacré, comme si tout ce qui nous entoure de la nature ne l'est pas déjà...

A l'heure où l'on fustige le religieux institutionnalisé et où tout le monde se fabrique sa petite cuisine spiritualo-religieuse, de la liturgie footbalistique aux croyances écologistes ou astrologiques, le petit monde Rustikh a ses pélerinages. Que ce soit sur le plateau des Millevaches en France ou en quête d'éléphants en Allemagne, les terres sacrées où viennent communier les motocyclistes ne manquent pas.

Et puis il y a les petits lieux de cultes privés, croisés au hasard d'une ballade, de la rencontre de gens, d'un bon moment passé ensemble. Le sens du magique, l'Absurde et l'incohérent ne nous quittent jamais, peut être même l'espérance, allez savoir.

Alors j'ai mes terres sacrées, celles que j'aimais tellement que j'y ai laissé un peu de moi, restes des miens au détour du fleuve de ma petite patrie, chemins parcourus à pied puis à vélo et maintenant en moto. Et puis au Bougnatlistan, il y a des endroits magiques, qui m'ont laissé hagard, ému, l'œil humide comme un vieux dément au souvenir d'un événement remémoré .

Avez vous jamais senti un endroit comme faisant partie de vous, familier; des arbres dont vous pourriez raconter l'histoire, des sentiers que vous auriez vu se gravillonner, puis être bitumé?

Peut être est-ce un truc de plouc, de campagnard, de provincial, le sacré, peut être que le post-modernisme a eu raison de la pensée magique, émasculant l'absurde de son grand "A".

Quoi qu'il en soit, Mohican ou dinosaure égaré, mon chemin se poursuit au gré des rencontres, de plus en plus loin des prêt-à-penser institués. Que la route vous soit douce, quelles que soient vos terres sacrées.

PS: Merci à Mitch pour la photo