Le Bougnatlistan

     Le chemin vers le Rustikhistan n'est pas aisé, certains pourraient vous indiquer le leur mais il s'avère que chacun a le sien, comme on ne peut guère utiliser le véhicule d'un autre, trop d'épreuves le ruineraient et n'amélioreraient pas les relation avec le prêteur.

Le mien de chemin passe par le Bougnatlistan, terres volcaniques riches en lutins et en magiciens de toutes espèces. Je m'y suis égaré en y quêtant l'absolu véhiculesque pendant quelques années, le temps de côtoyer des gens au parcours riche d'enseignements, dans un sens comme dans l'autre.

Ce que j'en retiens surtout, ce sont des paysages à couper le souffle, la possibilité d'évoluer dans un environnement resté souvent intact de la déprédation consumériste faute d'être attractif.

J'ai roulé pendant des heures, de jour comme de nuit, à l'abri des réseaux des portables et sans navigateur électronique pour me guider. Pourvu de cartes, m'arrêtant fréquemment pour corriger mon cap, ne manquant jamais de trouver un café pour m'y restaurer, une petite station service pour faire le plein. Pour peu que l'on sorte des autoroutes, on finit forcément par tomber sur des panneaux indiquant le Rustikhistan, ils sont passablement détériorés par les ans, craquelés par le gel lorsqu'ils étaient de ciment peint scellés sur des murs, écaillés fendus et moussus lorsqu'ils étaient de bois peint.

Mais qu'importe, j'avais une piste et je n'allais pas la lâcher comme ça.

Alors oui j'étais loin du compte, des plages de sable blanc de l'Ethylic Bay du Rustikhistan, de ses vallées encaissées aux vignes abondantes, de ses sentiers montagneux escarpés où les sangliers ne manquaient jamais de s'aventurer au détour d'un virage, de ses montagnards aussi rudes qu'hospitaliers, n'empêche, le vent semblait tourner, j'allais peut être y arriver.